#35 La courbe Ebbinghaus

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Plutôt mémoire de poisson rouge 🐠 ou mémoire d’éléphant 🐘 ? Pas d’inquiétude : ça a peu d’importance au regard de la courbe d’Ebbinghaus ! 🙌 Certes, cette dernière démontre que l’information se perd si elle n’est pas revue mais elle met également en évidence la faculté de chacun à entraîner sa mémoire 🧠💪

I- Il était une fois…

Avant d’entrer dans le vif du sujet, petit rappel sur le fonctionnement des neurones, cellules du tissu nerveux, capables de recevoir, d’analyser et de produire des informations. Les neurones sont constitués de dendrites, sorte de prolongements courts et ramifiés, dont la fonction est de collecter l’information et de l’acheminer vers le corps cellulaire du neurone. L’axone conduit cette information du corps cellulaire vers d’autres neurones avec lesquels s’établissent de nouvelles connexions appelées synapses. Lors de l’apprentissage, les dendrites se développent, facilitant le transfert des informations et l’accès rapide du cerveau à celles-ci via les connexions établies. Ainsi, nous nous rappelons par association entre connaissances.

La mémorisation d’informations vitales, transmises de génération en génération, a joué un rôle crucial dans l’évolution de notre espèce. La mémoire c’est notamment ce qui a permis à nos ancêtres, les chasseurs-cueilleurs, de se souvenir d’informations capitales à leur survie, comme le feu ça brûle et l’eau ça mouille (à ce stade, vous avez dû constater que ma playlist 🎵 est très électique 😂).

« Il est important que le cerveau oublie des détails non pertinents et se concentre plutôt sur les choses qui vont aider à prendre des décisions dans le monde réel », Blake Richards, professeur à l’Institut neurologique de Montréal

Instinctivement, notre cerveau a peu d’effort à fournir pour retenir une information d’ordre vital. On se souviendra par exemple facilement que tel chien = risque de morsure. En revanche, son nom peut nous échapper.

Aujourd’hui, la plupart des informations que l’on cherche à mémoriser sont « anecdotiques ». Par conséquent, lorsqu’on est en cours d’apprentissage d’une nouvelle compétence, on a tendance à l’oublier rapidement, notre cerveau, vite happé par une information nouvelle, la jugeant dans un premier temps comme « accessoire ».

II- La théorie d’Ebbinghaus

Hermann Ebbinghaus, philosophe allemand du XIXème siècle, considéré comme le père de la psychologie expérimentale et auteur de La mémoire (1885), a théorisé via des expérimentations la Courbe de l’oubli qui illustre le déclin de la rétention des informations dans le temps.

Souvenez-vous , vous avez déjà sans doute vécu une situation dans laquelle vous « bachotiez » en vue d’un examen, pour finalement avoir l’impression de tout avoir oublié quelques semaines plus tard… (je plaide coupable 🙋‍♀️)

1) Méthodologie

H.Ebbinghaus a créé plusieurs syllabes de trois lettres sans signification, telles que ZOF, IFD, POH, JEB… Il les écrivait sur des morceaux de papier qu’il tirait ensuite au hasard. Il essayait de retenir ces mots inventés et d’en réécrire la liste 20 minutes à plusieurs mois plus tard. Sur la base de ses observations, il a fourni des tableaux statistiques, ensuite traduits sous forme graphique à l’aide d’une formule mathématique : c’est la courbe de l’oubli 📉

2) Conclusions

Il a notamment tiré les conclusions suivantes :

  • L’apprenant oublie très vite des matériaux dénués de sens pour lui.
  • Le taux de mémorisation réel est proportionnel au nombre des réapprentissages et le fait d’espacer chaque réapprentissage permet une meilleure fixation des savoirs.
  • Le sur-apprentissage, c’est-à-dire le fait de continuer à apprendre des éléments sus, permet de les oublier moins vite.
  • Les premiers et les derniers mots de la liste sont mieux retenus (effet de primauté et de récence).
  • La qualité de la rétention dépend de conditions telles que l’attention, la fatigue et le sommeil.
  • La performance de rétention dépend aussi de chaque individu.

En effet, la courbe de l’oubli n’a pas de valeur universelle. Différents paramètres entrent en jeu :

  • Le sujet : son âge, son vécu, son domaine d’expertise…
  • Le type d’information : mots ou images, idées, concepts…
  • Les conditions d’apprentissage : distraction, moment de la journée, création de liens, émotion associée etc.
  • La nature de l’oubli (il peut avoir d’autres causes que le temps).

3) Résultat

Sur cette courbe de l’oubli, on constate qu’on perd plus de 50% de l’information mémorisée après seulement 2 jours et que la déperdition continue les jours qui suivent. La technique pour contrer ce phénomène consiste à se remémorer une information donnée grâce à des rappels réguliers. Le principe sur lequel s’appuie la théorie d’Ebbinghaus : plus une information est répétée dans le temps, plus elle s’ancre dans notre mémoire 💡

Aujourd’hui, la formation est trop souvent une formation présentielle ou distancielle sur laquelle on ne réactive pas la mémoire à l’issue de la formation. Ce qui explique que les apprenants ne retiennent que 20% de ce qu’ils apprennent.

Mais pas de panique : il existe des stratégies efficaces pour booster votre mémoire 🙌

III- Quelques pistes pour augmenter la courbe de la mémoire

Concrètement, comment améliorer la rétention d’informations dans le temps et mieux mémoriser ce que l’on apprend ? Voici 5 conseils :

1- Encoder l’information

C’est-à-dire la convertir en une construction mentale. C’est le moment, par exemple, de convoquer vos propres moyens mnémotechniques #MaisoùestdoncOrnicar ? 💭

2- S’assurer de bien comprendre l’information pour faciliter sa mémorisation.

Posez des questions pour clarifier une notion complexe, effectuez des recherches additionnelles etc.

3- Adapter les rappels à la courbe de l’oubli

Au début, lorsque la rétention de l’information chute drastiquement, faites des rappels réguliers. Puis espacez-les à mesure que la déperdition ralentit (le cerveau consolide le souvenir à chaque répétition), jusqu’à ce que la mémorisation soit complètement acquise et que les rappels deviennent inutiles.

Il n’y a pas de règle absolue, mais vous pouvez par exemple faire un premier rappel dans les minutes qui suivent l’apprentissage, puis à J+2, J+7, J+30 etc. 📅

4- Organiser les rappels à l’aide d’une application

Paramétrez par exemple une fréquence de rappel sur une application pour ne pas manquer votre prochaine « session mémorisation ». Vous avez l’embarras du choix concernant l’application. Mais puisque je suis sympa (💐), je vous partage ma petite préférée : Notion, le Minecraft de l’organisation ⛏️ Commencez par créer une liste des éléments en cours d’apprentissage et programmez une série de rappels pour chaque catégorie. L’application vous informera automatiquement le jour venu.

5- Trouvez la méthode de rappels qui vous convienne

Relecture active en se testant sur le programme, prise de notes avec le système Cornell 📝, enregistrement du cours pour le réécouter… selon si vous avez une mémoire visuelle ou auditive ou tout simplement pour varier l’apprentissage et fixer les connaissances.

Et voilà, cette NOOUSletter est terminée ! J’espère qu’elle vous sera utile en qualité de formateur et d’apprenant. N’hésitez pas à y revenir pour conserver la fraîcheur de l’info 😉 Comme d’habitude, vous pouvez aussi répondre à cette newsletter si le cœur vous en dit ! 💌

Julie de chez NOOUS

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